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LA LEGENDE DU GRAAL



Chrétien de Troyes et Saint Bernard le cistercien.


La légende du Graal prend naissance dans les années qui suivent le retour de Hugues de Payns en France, et de la fondation de l'ordre par le concile de Troyes. Simple coïncidence ?

Par qui est-elle rendue publique ? Par Chrétien de Troyes qui résida justement à quelque kilomètres seulement de la maison mère de l'ordre. Autre coïncidence ?

Après la confirmation de l'institution de l'ordre par le concile de Troyes, Hugues de Payns retourne en 1130 à Jérusalem et s'installe avec ses compagnons sur les ruines du Temple de Salomon. La milice des pauvres chevaliers du Christ est alors plus communément appelée l'ordre du Temple, et ses membre, les Templiers.

A son retour, il instaure Payen de Montdidier Maître en France et pour l'occident, qui s'installe à Payns, fief de Hugues, qui devient alors la capitale de l'ordre du Temple en Occident.

Payns étant très proche de Troyes, il apparaît évident que Chrétien de Troyes a bien connus ses voisins Templiers. De plus, les historiens sont unanimes pour reconnaître dans son oeuvre, ainsi que dans celles d'autres auteurs "courtois", l'influences des moines soldats autour du Graal. Saint Bernard, cistercien qui s'était installé, quelques années avant la création de l'ordre du Temple, à Clairvaux, soit sur des terres données par les comtes de Champagne, et à une étape cavalière de Payns et de Troyes, connaît bien l'ordre, et ses premiers membres, puisqu'il en édicta la règle.

Or, les comtes de Champagne entretenaient d'excellentes relations avec Chrétien de Troyes, mais aussi avec Saint Bernard. Il est aussi fort probable que Chrétien de Troyes connaissait les érudit de l'école de Rachi, école située dans la ville de Troyes, ainsi que ses trois filles et ses deux petits fils, connus pour posséder une exceptionnelle connaissance de la Bible.

Dans l'oeuvre du poète, le héros Perceval est fils d'un chevalier tué dans un tournoi. Craignant pour son fils, sa mère l'élève dans au fond d'une forêt, dans l'ignorance de la vie mondaine. Cependant à l'âge de quinze ans, il rencontra dans la forêt trois chevaliers de la cours d'Artus et décida de les suivre. Débutent alors de nombreuses aventures, puis Perceval devient le gardien du Graal.

Cependant, Chrétien de Troyes mourut avant d'avoir achevé son oeuvre. Mais selon certains, le Graal fut emporté dans des contrées d'orient, au fond d'une forêt, afin de le dissimuler aux yeux des hommes. Mais, où Chrétien de Troyes trouva-t-il le nom de son héros ? Peut-être dans le "conte d'aventure" qui lui aurait été communiqué par Philippe d'Alsace, conte de Flandre, soupirant de Maie de Champagne, elle-même protectrice de Chrétien de Troyes.

Si l'on reprend l'étymologie du nom Perceval, il se décompose en fait en deux mots : "Perce" ou "Perse" et "val"; "val", dont le pluriel est "vaux" est un mot couramment usité, quant à "perse", c'est le féminin de l'adjectif "pers" qui signifiait "livide" au XIème siècle.

Ce qui nous donne à penser que "Perceval" pourrait signifier "Clairvaux", l'endroit où s'était installé Saint Bernard le cistercien. Partant de cette hypothèse, il semble donc possible que le poème de Chrétien de Troyes relate l'histoire d'un "objet magique" apporté en occident, en pays de Galles, puis dissimulé par Perceval (Clairvaux) dans une forêt située en orient.

Louis Charpentier ne manque pas de noter que ce pays de Galles, décrit par l'auteur, ressemble à s'y méprendre à la Champagne de Hugues de Payns et de Saint Bernard.

La mystérieuse forêt d'orient

La forêt d'orient, ou plus exactement la forêt du grand orient, se situe en Champagne, entre la Seine et l'Aube, à vingt kilomètres à l'est de Troyes. Elle occupe encore aujourd'hui vingt mille hectares d'un seul tenant, mais autrefois elle dut être nettement plus importante. Le massif forestier dans son ensemble porte le nom générique de "forêt d'orient", et regroupe les quatre forêts qui portent le nom de : "petit orient", au nord-est; "grand orient", au centre; "Éperon", au nord ouest; "Temple", au sud-est.

Cette forêt a bien de quoi fasciner une personne désireuse de se lancer sur les mystères des Templiers. la description que nous en fait Louis Charpentiers dans son ouvrage "Les mystères des Templiers" nous éclaire sur ce lieu d'exception : "Il avoir, en avion, survolé cette forêt, quand l'altitude efface à la vue le tracé de laisses rectilignes actuelles, pour se rendre compte quel inextricable buisson devait être ce massif forestier."

Il faut se pencher sur les cartes forestières pour constater, en faisant abstraction des laisses, à quel point certains cheminements étaient impossibles. A l'automne, quand la terre est gorgée d'eau, il suffit d'essayer de pénétrer dans les sou-bois pour concevoir quels dangers la forêt devait présenter quand elle était encore sauvage. Des dangers accrus par des dizaines d'étangs artificiels et dont les abords se transforment en pièges marécageux.

A partir d'un carte au 20/1000ème du Service National Géographique, on peut tenter de recréer ce qu'était autrefois ce massif forestier et plus spécialement la partie qui porte le nom de "forêt du Temple".

Ceci étant admis, la qualité du sol en fait une certitude, les seuls chemins praticables, au moins pour une troupe, sont les lignes de crête. On se rend rapidement compte qu'en s'écartant des voies traversières, tout aboutit à des culs de sac, avec un système d'étangs et de ruisseaux aux abords marécageux qui entrave le passage.

Certains points de cette "forêt du Temple" devaient être inaccessibles, sauf évidemment pour quelques habitués connaissant les "passes". Pour le moins ce véritable labyrinthe devient vite une forêt enchantée dans les légendes... N'importe quoi pouvait être caché en cette forêt et le trouver sans avoir le "mot" devenait dès lors totalement impossible.

Tout nous prouve que l'ordre du Temple tenait la forêt d'orient pour un lieu d'une grande importance. En effet, nous pouvons retrouver la trace d'une intense concentration de fermes, d'abbayes et de maisons templières. Au moyen-âge, une vingtaine de maisons templières entouraient et pénétraient la forêt, semblant monter la "garde". De nombreuses fermes, forges et tuileries étaient situées elles aussi à l'entour de la forêt d'orient, constituant ainsi un véritable rempart. Certaines traces de ces bâtiments disparus restent néanmoins imaginables de par l'étrange toponymie des lieux.

Un peu plus loin, à Bonlieu, il avait été érigé une petite commanderie de l'ordre de" Saint Jean de Jérusalem", appelée la "commanderie de l'orient" et que l'on nomme aujourd'hui "ferme de l'Hopiteau".

L'ensemble de ces fermes et granges dépendaient de commanderies qui formaient comme une seconde ceinture, éloignée de quelques kilomètres seulement de la première. Les noms ont traversé les âges; ainsi on retrouve Bonlieu, Beauvoir, Nuisement, Chauffour, Fresnoy, Verrières, Bouy, etc...
Ces multiples commanderies étaient placées sous la dépendance de deux importantes baylies, l'une de Payns, la seconde de Thors. Elles étaient reliées entre-elles par une troisième ceinture de commanderies, elles-mêmes ayant autorité sur des fermes : La Loge au Temple, Troyes, Sancey, Montceaux, Bexières, Bar sur Aube, Argentieres, Ville sur Terre, Neuville, Ramerupt, etc...

Dans l'enceinte de ce troisième rempart, encerclant la forêt d'orient, se trouvait Payns, soit le fief de Hugues de Payns membre fondateur et premier Grand Maître de l'ordre, Troyes, capitale des comtes de Champagne, et Clairvaux, l'abbaye cistercienne de saint Bernard. Cette forêt n'a certainement été choisie par hasard et dotée d'un extraordinaire système de protection, que l'on ne retrouve en aucun autre site templier, même pas vers le Temple de Salomon.

Cette garde nous permet de penser que le site renferme en son sein un objet mystérieux devant être protégé, à tout prix, et caché à la face du Monde. Pourtant de nos jours, plus rien ne reste des Templiers de Troyes, tout ayant été rasé, excepté au Pont Saint Hubert, où nous pouvons encore lire la devise de l'ordre des moines soldats : "Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam" (non pour nous, Seigneur, non pour nous, mais pour la gloire de ton nom). Plus rien non plus ne subsiste de ce qui fut la première commanderie de l'ordre en occident.

Pour qu'aucun vestige ne subsiste, il faut que la destruction totale soit volontairement mise en oeuvre.
Par qui ? On devine peut-être le pourquoi !

Maisons templières de la forêt d'orient

Il est donc indéniable que la forêt d'orient fut l'une des grandes propriétés de l'ordre du Temple. Je me suis laissé entendre dire qu'à l'origine elle était nommée "forêt de Der". Les Templiers tissèrent leur toile progressivement par de nombreux achats successifs, si bien qu'en quelques décennies les maisons templières ceinturaient l'ensemble de la forêt .

Outre l'abbaye de Larivour, à l'ouest, quatre commanderies au nord, dont Bonlieu, rattachées à la Baylie de Payns, plusieurs commanderies et une Baylie (Thors) au sud, les moines soldats disposaient en fait d'une vingtaine de maisons disséminées tout autour du site. Comme je l'ai déjà évoqué, les propriétés formaient en fait une triple ceinture enserrant la forêt d'orient. Les Templiers ont donc jalonné volontairement et méthodiquement de maisons, commanderies, fermes, greniers, abbayes et autres constructions, cette mystérieuse forêt.

Cette situation est surprenante par le fait d'un nombre considérable de constructions, dont on ne peut voir malheureusement souvent que des vestiges. Théophile Boutiot, historien régional du XIXème siècle écrivit : "Aujourd'hui il faut soulever une couche de feuilles mortes, plus de cinq fois séculaires pour retrouver les vestiges qui jonchent le sol et ce linceul couvre la plus grande partie des territoires de Vendeuvre, d'Amance, de Dieuville, de Brienne, de Pel-en-Der, de Brevonnes, de Piney et de Géraudot".

Certaines maisons ont fait l'objet d'une fiche, mais étant donné le peu de fiabilité que l'on peut y apporter, je vais me concentrer à n'en donner que le nom : "La Belle Guise", "Grandes Forges", "Maison Blanche", "L'Ermitage", "La Belle Épine", "Les Usages", "L'Abondance", "Chateau-Gaillard", "Maison Forestière du Temple".

Toutefois, une histoire est restée ancrée dans la mémoire ancestrale concernant des constructions réelles, ou plus rarement des endroits non bâtis considérés comme lieux de "cultes" existant en la forêt d'orient; en voici une liste non exhaustive.

- L'Hopitau : il ne faut en rien confondre une  ferme de l'ordre des Hospitaliers avec une autre du même nom sur la commune de Géraudot, réelle maison templière . De fait l'attribution aux Templiers concernait deux propriétés distinctes, à savoir un hameau (commune de Montceaux) qui dépendait de Cerre, et une ferme sur la commune de Saint Phale.

- Bonlieu : faisant partie de la commune de Piney. En 1220 André de Rosson, chevalier s'apprêtant à rentrer dans l'ordre, donne aux Templiers tout ce qu'il possédait à Rosson et Aillefol, en terres, prés, bois et plaines. En juillet 01259 ils reçoivent de nouvelles terres issues de l'héritage de deux seigneurs; Godeffroy de la Cauchecarde et Lambert de Piney. C'est sur ces fonds que les Templiers bâtissent la commanderie de Bonlieu. Par la suite, grâce à d'autres acquisitions, cette commanderie prit beaucoup d'importance. Les moines déboisèrent les terres et ainsi y créèrent plusieurs maisons, à savoir, "La Loge Bazin"," Maurepaire", "La Milly" et "La Picarde", auxquelles ils réunirent la seigneurie de la "Loge Lionne".

- Loge aux Concers : commune de Vendeuvre sur Barse, conserve les ruines d'une ferme aujourd'hui détruite.

- Loge Madame : faisant partie de la commune de Piney, cette ferme existe toujours, portant le même nom depuis l'époque des Templiers.

- La loge Bazin : en la commune de Vendeuvre, cette grange devait servir à l'ordre du Temple à y entreposer les récoltes. Cette bâtisse fut signalée en 1288 pour les bois qui en dépendaient; "La ville aux bois", commune d'Amance, ainsi que "Villeneuve aux Chênes". Elle semble subsister jusqu'en 1466, après cette date il n'en est plus fait mention. Elle fut certainement détruite et laissée à l'abandon dans ses ruines.

- Maurepaire : Cette maison, de la commune de Piney, appartenant à Bernard de Montcuq, a été parfaitement détruite, certainement au regard à son étymologie (mauvais repaire).

- La Picarde : ferme de la commune de Giraudot.

- Loge aux Bourgeois : il s'agit d'un lieu-dit sur la commune de Dosche sur lequel se situait plusieurs maisons. Il n'en existe plus rien de nos jours.

- La Milly : cette ferme, appartenant à la commune de Brévonnes, fut construite dans des bois non bâtis que l'ordre acquit du chevalier de Milly, d'où ce nom attribué à l'époque de la construction et de l'exploitation, qui persiste jusqu'à nos jours.

- La Loge Lionne : cette maison située sur la commune de Brévonnes fut tout d'abord nommée "La Loge d'Orient". Acquise par les Templiers en 1294 auprès de Clément de Ravennes, l'acte de vente précisait que cette maison soit appelée "La Loge d'Orient" (Logea de oriente), avec 400 arpents de terre en labours, prés, bois et étangs, situés dans la paroisse de Brévonnes. Ce nom de "Loge Lionne" serait issu du nom de l'un de ses précédents propriétaires, Leonius de Merrico. Cependant les guerres de religion, bien ultérieures à la dissolution de l'ordre, fit perdre beaucoup de la valeur à cette terre immense. Un visite de prieur en 1456 décrit le domaine pratiquement à l'abandon, "complètement en ruine et inhabité, les terres incultes, en haies et buissons". Seule la chapelle fut épargné par les vicissitudes du temps, cependant les religieux préférèrent déposer les objets du culte à Troyes. Cette terre ne figure apparemment pas dans la répartition faite en faveur des Hospitaliers, qui ne l'oublions pas furent les principaux héritiers des biens  immobiliers de l'ordre des Templiers.

- Le Temple : Au lieu-dit "sous le Temple", sur la commune de Riceys, il aurait été bâti un prieuré templier. Des cercueils et armes anciennes y ont été découverts.

- Le Temple : n'ayant pas de rapport direct avec le site précédent, car situé sur la commune de Verrières, cet ancien hameau comprend quelques maisons de l'ordre du Temple.










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